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dix fois rien
20 janvier 2011

la page 88

Il fait froid, et gris, un temps à ne rien faire, à ne rien vouloir. Le mois de janvier c'est toujours la merde. J'entre dans ce café qui était mon endroit préféré au monde, avant. J'ai perdu des habitudes qui étaient ancrées, vissées aux parois de mon quotidien. Mais la vie change, les gens changent, j'ai changé.
Je me suis perdu en cours de route. Et j'ai découvert d'autres choses fabuleuses sur moi.

Je me réchauffe légèrement grâce à l'odeur du café et des pains au chocolat. Les fidèles sont présents, je reconnais certains visages. Des anonymes que l'on reconnait uniquement à cause du lieu où on les retrouve. Je cherche une place pour m'installer, en évitant d'instinct le regard de ce gens. Je me faufile jusqu'à une table libre, et bien éclairée.

Commander un café et écrire. N'importe quoi, mais écrire. Reprendre des vieilles habitudes, reprendre un travail qui n'en est pas un, retrouver un certain regard, un intérêt pour les choses et les gens. Même un jeudi matin de janvier, dans une ville à moitié morte. Malgré l'envie ferme de retourner se coucher, de ne plus se lever durant les 15 prochains mois.

J'essaie de comprendre qu'on est en janvier, j'essaie de comprendre que c'est terminé, mais que la vie continue. J'essaie de me trouver dans les reflets que les vitres me renvoient. J'essaie de me dire qu'un jour je serai aimé tout en pouvant aimer également en retour. J'essaie de me laisser aller et de me souvenir que d'autres sont passés par-là aussi. Que cette chose-là, la rupture, n'a rien de grave, même si c'est arrivé en hiver.

Je me suis perdu, et je me suis rapproché de certaines parties tues en moi. Il va falloir que je me reconnaisse à nouveau, dans l'absence, dans certains nouveaux visages, leur sourire. Va falloir que je sois grand et fort, courageusement et joyeusement seul. Il va falloir, il faut. Etc. J'ouvre à nouveau ce livre que j'avais mis de coté, presque sous mon lit, l'autobiographie de Bob Dylan, page 88. Mes yeux tombent sur ces mots-là : Sam Cooke A change is gonna come.

Le café arrive, je lèche la petite cuiller après l'avoir utilisée pour tourner mon café. Il neige. C'est tout ce que je vois.

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