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dix fois rien
8 janvier 2012

L'âge adulte

Je suis né en 1987 et la plupart de mes amis proches sont nés durant les années soixante-dix. Parfois, je me demande si je serais différent si j'avais vécu l'arrivée du SIDA avant la première pelle derrière le collège à 17h00, à la fin des cours ; si je m'étais demandé si le nuage radioactif pouvait vraiment s'arrêter à la frontière ; et si j'avais assisté à la chute du Mur de Berlin devant mon écran de télé, le coeur battant pour la liberté. Je ne sais pas quel serait mon regard. Comment cela a affecté la façon de danser à travers le monde de mes amis ?

Ma soeur et mon frère, eux qui ont vécu tout cela, m'ont transmis une partie de leurs savoirs. Tandis que je faisais mes premiers pas au collège, ils baignaient déjà dans les marécages du lycée. J'entendais les discordes entre eux et mes parents quant à l'heure de rentrée. Ce genre de choses... J'ai entendu, sans y faire attention mais tout en sachant qu'un jour je devrais me débrouiller pour être plus malin. J'apprenais à manier quelques cartes pour qu'on me fiche la paix. Bref, j'ai entendu très tôt parler du SIDA, de la guerre, de la politique, du désenchantement, et de l'émancipation.

J'ai eu un aperçu de l'entrée dans l'âge adulte, cet accouchement pénible de soi. Et quelque part j'ai compris que ça n'avait rien d'une partie de jambes en l'air si on voulait être libre.

Cela m'a conduit à commencer très tôt une remise profonde de mes convictions, de mes réflexes. Cette remise en question m'a d'abord conduit sur le plancher de mon premier appartement, à fumer des clopes sur le balcon le soir, puis à entreprendre une thérapie. Puisque je savais que la vie n'était, en tout cas dans un premier temps, rien d'autre qu'une série de murs en béton qui se dressent sur le chemin, ne pas perdre de temps et se donner les moyens pour les franchir. Ne pas les contourner.

Même si je suis resté le même dans mon approche du monde, emprunt d'une certaine méfiance à l'égard du monde, qu'il comporte toujours une part d'ombre et d'ordure, j'ai pas à pas extrait du sang qu'il y avait dans mes rêves une confiance dans la beauté de l'effort. La compréhension de soi déjà, et même si parfois je perds patience et que je me montre toujours péremptoire celle des autres. Que pour avancer on peut soit contourner, ou transformer, apprendre, accorder.

L'âge adulte, je ne sais pas ce que c'est. Mais j'aime croire qu'il est plus simple d'être adulte en essayant, en se laissant la possibilité à l'apprentissage intérieur, et parfois même si ce n'est pas immédiat, voire décourageant, l'apprentissage mutuel. Enfin, je veux dire… peut-être que l'âge adulte c'est comme quand Clémentine Célarié embrassait ce séropositif lors du Sidaction en 96.

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