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dix fois rien
25 novembre 2009

a relationship

Je l'ai vu dans les librairies. Il marche parfois devant, je le laisse aller pour le plaisir de voir son cul. Pour le voir sans moi, voir comment il est. Je l'ai vu regarder, parler à d'autres et faire semblant de ne pas voir leur regard appuyé, épris. Je l'ai vu fasciné par des oiseaux, les cerfs-volants, un enfant. Je l'ai entendu me dire que je le quitterai le premier, comme s'il en savait quelque chose. J'ai appris à reconnaître le regard qu'il pose, malgré moi, sur mon corps, mon visage parmi nos amis discrètement comme les baisers  du vent. J'ai appris après qu'on me l'a dit. J'ai appris de ces choses que je ne vois pas tout de suite. Comme lorsqu'on raconte un film à un aveugle. J'ai appris qu'il aime le café allongé. J'ai vu son rire fou comme un dervish tourneur. Je ne l'ai jamais vu pleurer, mais les larmes aux abords. Ecouter un morceau de Till Broner dont il ne se souvient probablement plus. Je l'ai senti agacé. Je l'ai fait penaud, engueulé. J'aurais aimé qu'il ne se ramène pas si vite, pour finir de pleurer sur l'épaule de F. C'était une fois, une simple mise au point sur ce que j'étais, nous pourrions être. Sur ce que nous ne serons jamais. Ce soir-là, il a expiré mon prénom, m'offrant alors la révélation de sa signification. De ce prénom auquel je ne me suis jamais vraiment habitué.

Je l'ai aperçu dans une salle de bain le regard fendu. Désarmé par des pensées perdues. Reconstruire des choses de sa vie, comme on tente de rafistoler un vase brisé. Se reconstruire. Construire de nouvelles choses.
Je parle peu de lui, je parle de moi.
Parce qu'il y a ces choses infimes et indicibles de son âme, de ses mains, de la couleur de sa peau qui me font conjuguer le passé, le présent, le futur en une chose unique. Ces choses dont les qualificatifs m'échappent puisqu'ils vivent dans mes cellules, mon aura qu'il améliore.

Je ne l'ai jamais regardé en disant : Pourquoi pas ? J'ai reconnu les traits, les gestes d'une vie ancienne, à vivre encore, inscrite. C'est pour cela que j'aime parfois le regarder, le laisser marcher juste devant, me laisser distancier. Pour voir son cul, pour voir le Jaune, le Vert, le Rouge, le Ciel, la couleur de la Terre autour de son corps, celles de son âme.

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