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dix fois rien
29 octobre 2009

Robert Badinter

Je fume, et je bois. J'oublie de manger. Et je dépense des fortunes au distributeur de boissons. J'articule mal, j'écris des phrases sans aucun sens, ce sont celles qu'ils retiennent le plus. J'ai une piqure à faire. Et il y a de fortes chances pour que je sois hypocondriaque. Je comprends les années avant ma naissance mieux que celles que j'ai vécues. Je me gourre d'horaire, et me moucherais dans ma manche si ça ne se voyait pas. Et puis je me hais de ne pas être Robert Badinter.


Et tout à coup, j'entends des histoires. De lâches. Surtout, souvent. Je perds la foi que j'ai envers les autres, celle qui a la même puissance que le flingue dont je caresse la crosse en cachette. A portée de tempe. Les gens ne veulent pas perdre de temps, alors ils se perdent les uns les autres. C'est profitable de s'entregueuler. Les morsures c'est plus simple. Au beau milieu de tout ça, je ne suis pas un ange. J'aimerais pouvoir lui dire ce que je dis au restaurant vietnamien. Mais il est impossible de lui faire subir d'entendre cela. Cette peur que je m'inspire. Ces heures dont je ne me sépare pas, dévouées au parquet, aux sols froids et durs. Aux ulcères de mes nuits. Comme un jour plein. Ces angoisses qui savent mieux danser que n'importe quel autre rythme. J'aimerais l'avertir, et dire que ce n'est rien. J'aimerais ouvrir aussi cette part. Ce n'est pas le moment, c'est sans doute deviné depuis longtemps. Les gens adorent se détester les uns les autres. Ça a l'air si facile. Ou simplement, se laisser à la perte, à la dérive les uns des autres. Dans le bonheur ou la douleur la plus ténue. C'est ce qu'on me raconte, ce que j'entends.

Alors je prends le métro en silence. Je vais manger vietnamien et je l'ouvre. J'en parle à d'autres, ça commence à prendre forme. Je me rapproche, je garde le fil, je les embrasse. Je ne suis pas Badinter. Je souris. Mes doigts se serrent une dernière fois autour de la crosse avant de la balancer dans le canal. Je lui dirai, ce qui, en fait, est déjà su parfaitement.

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