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dix fois rien
1 juillet 2009

quand je danse, jusqu'au bout de mes doigts et de mes orteils, dans mon cou et sur ma peau comme sur mes lèvres, ça s'sait

Une mèche de cheveux collée à son front par la sueur. Elle boit à la paille. J’aimerais dégager cette mèche de là, du bout du doigt, c'est comme une vieille pulsion. La vérité c’est que nous ne nous connaissons pas assez pour que je puisse envisager ce genre de geste. Je fume, je fume, je n'arrête pas. Alors je lui en propose une qu’elle accepte avec son air malin. Je finis ma bière au-delà du possible. Je la repose sur une table aussi crade qu’une pissotière. Je la regarde par dessus mes lunettes.

Je remercie la nuit de nous avoir posés là. 
Sur cette piste de danse. Malgré les débris d'un verre tombé. 
J'ai une déclaration à lui faire. Mais cette femme fait partie de ces gens qui savent, je me dis. J'apprendrais plus tard que non toujours non. Personne, y a rien à faire. Personne ne sait sans les mots. J'aime cette nuit qui nous pose là. Au milieu de cette foule (moite), sur cette piste, avec cette musique tout aussi improbable que je danse.
Je danse. Je danse, ça faisait longtemps. J'ai tellement attendu. Que cette nuit est parfaite et bien accompagnée. Je ne m'empêche pas de la regarder. Elle et ses longues et belles jambes. Je la regarde comme on soigne une paire de Louboutin. Je la regarde parce qu'elle m'impressionne. Parce qu'elle tourne comme un vynil en plein été. Inlassablement et c'est hypnotique.

Je danse. Parce que je n'ai envie que de ça. Cette nuit. Il fait trop chaud, mais je danse. Je suis ridicule forcément, alors je m'en fiche. Je la regarde et puis la danse et l'alcool aidant je l'oublie un peu. Elle est là à quelques pas de moi. Nous sommes collés inexorablement aux autres. Mais je suis seul avec finalement cette certitude que rien ne ment. Je flotte sur de la musique improbable et des volutes de fumée. Seul, je danse.

Comme un vagadon, je finis par m'égarer. Je suis pas encore saoul. Comme un vagabon, j'appartiens au monde tout comme en retour il m'a posé là. Je ne meurs pas, mais ma vie défile en bribes bien choisies, un peu malgré moi. Et j'en arrive à lui. Je vagabonde. Il y a son odeur dans un creux chaud de ma mémoire. Et sa peau revient, comme un coup de fouet, réveiller celui que je suis. Je danse, comme je peux, comme je veux. Je danse sans autre préoccupation d'occuper l'espace, ou un instant. Il est là. Car quand je danse, jusqu'au bout de mes doigts et de mes orteils, dans mon cou et sur ma peau comme sur mes lèvres, ça se sait. Je danse comme j'ai toujours dansé, avec maladresse et une certaine décontraction. Je ne danse plus tout à fait comme hier. Qu'il le veuille ou non, quelque chose a changé sans rien bouleverser. Tout en restant fidèle à ce que ça a toujours été. Je danse différemment. Sans arme au poing. Sans chercher un autre. Quand je danse, je danse libre. Même si elle est à coté de moi, que je la regarde encore. Je me suis un peu éloigné le temps d'un instant, juste d'un espace. Je me laisse le loisir de penser à lui.

Quand je danse, je l'aime.

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