une liste

k

k

Choisir le bon endroit pour qu'elle ne masque ni le lever, ni le coucher du jour. Il fallait surtout choisir un endroit où elle ne puisse échapper à ma vue. Tous les jours. Chaque début de journée, que je décide de glander un peu avant de reprendre le cours de la vie normale, que je sois pressé. Il fallait que je la voie aussi le soir, avant le coucher pour faire une sorte de bilan. Me faire réfléchir aux moments où j'avais pu trébucher durant les heures qui avaient précédé. Il fallait donc simplement l'accrocher à l'endroit où l'horizon semblait s'être perdu. A la fenêtre, en face de mon bureau. Avec du scotch couleur bleue.

C'est une liste que j'avais trouvée par hasard sur le trottoir de mon existence. Ramassée, contemplée un instant en me demandant à quoi ça pouvait bien servir, retournée dans tous les sens, alors finalement je l'ai emportée avec moi. A quoi ça pouvait bien servir, je me demandais sur le chemin de la maison. Ça n'allait pas me faire planer, ça n'allait pas m'offrir un billet pour New York, ça n'allait pas me faire de cadeau. C'était juste des mots, qui ne sonnaient même pas bien mais, ils me plaisaient.

Alors arrivé chez moi, le dos contre le mur, les pieds contre le radiateur, je l'ai recopiée à la main parce que je savais que pour la comprendre il fallait réciter, rebâcher chaque mot, encore. Puis, petit à petit j'ai supprimé des mots, ajouté des phrases, des nuances comme on retouche une photo pour faire ressortir au mieux ce qu'on a vu, cru voir. Je l'ai adaptée sans m'en rendre compte.

Là, devant moi. Il y a un moyen pour essayer de devenir un type un poil meilleur qui me ressemblerait pourtant. Et si j'ai affiché cette liste devant moi, si j'ose croiser son chemin, ce n'est pas que je me fais des illusions. Je suis simplement curieux de voir où ça me mènera.