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dix fois rien
15 mai 2011

sa langue

Elle porte un ciré orange clair, et des bottines enthracite et se promène avec un bag doré. La coupe lasse de ses cheveux clairs entoure son visage comme les rideaux d'une scène de théatre durant la représentation. Elle m'emprunte un stylo pour griffonner des bonshommes sur la Frankfurter Allgemeine de vendredi dernier.

Elle me demande qui je suis, ce que je fais. Dans une langue que je maîtrise aussi peu que l'élevage des lévriers afghans. Du coup, mes réponses sont basiques. Scolaires, appliquées. Sans effusion. Monotones. J'approfondis. Mais ça demeure aussi chiant qu'une pierre tombale. Elle me félicite, je lui demande son prénom en retour. Le train démarre, j'embarque parce qu'à vrai dire il n'y a rien d'autre à faire. Et que j'aime bien ses jambes. Pourtant, c'est le mec de derrière que je reluque avidement.

Je voudrais la faire rire. Je pourrais facilement, mais je ne connais pas les mots. Je suis coincé dans une chambre blanche sans fenêtre et ni aération. Je suis à Berlin, un dimanche entre la pluie et le soleil.

Je ne sais pas ce que j'y fais. Je retrouve certaines habitudes, je m'éloigne définitivement d'une part du monde que je me suis mis à détester. Je prends des photos et je bois de la bière. Des cafés aussi. Je marche derrière les touristes et poursuis ma route en silence.

Je voudrais la faire rire. Dans sa langue. Mais je suis au milieu d'une piscine qu'on peut confondre avec l'océan. Le ciel, ou le périphérique.

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