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dix fois rien
13 mai 2011

skinny love

Je fume pour écrire des livres brûlés avant la fin de la première phrase. Je fume, mais je ne bois pas. Ma main cherche la nuit, dans l'ombre. Les yeux gris. Ou alors bruns, verts, ou bleus il parait. Je ne regarde pas. Je suis pauvre mais je prends des taxis. Leur banquette arrière est le seul endroit au monde où mon corps comprend son appartenance malgré malgré au monde. Je prends des taxis, parce qu'ils roulent milieu de nulle part. Postdamer platz. 

Je m'en fous. Il y a les odeurs, les appartements et les étages. Et les noms griffonés au brouillon de l'aurore. Je suis à Berlin, et ça se porte comme un blouson de cuir. C'est criblé de balles, c'est criblé ici et là. Je regarde, j'aimerais y croire. Je pose ma tête sur l'épaule. J'écoute le silence, j'entends le grésillement d'une cigarette. 

Je suis à Berlin. On frôle le Tiergarten. Je cherche le tigre, le fauve au milieu de la cité. On écrit jamais avec l'encre des décalcomanie. Je demande la permission d'ouvrir la fenêtre, la moustache du conducteur remune dans le rétroviseur. Je ne sais si c'est un oui ou un non. Je décide alors que c'est oui. L'air glacé, amer s'engouffre comme cette chanson de Bon Iver, Skinny Love. Je fume et je fais des photos. Il est impossible de tout dire en une phrase. Peut-être même que les mots ne servent à rien.

Je rentre, j'oublie les noms, les visages sont effacés. Pas important. Ça reviendra si ça doit revenir. Je rentre il y a des ombres sur le sol, qui sont enroulées comme un chien endormi. Inspire, expire. De l'autre coté de la fenêtre, l'enseigne d'un Doner crève dans les premiers battements du jour.

Mon âme m'attendait endormie.

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