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dix fois rien
6 avril 2011

Coldplay

Il n'y a rien de plus agréable que de rentrer la nuit, tard, ivre sous une pluie battante en écoutant un truc comme Coldplay, Oasis ou Massive Attack. Ou un autre truc british. Les Stones, les Beatles. Même Lily Allen. Et pourtant.

Pourtant il fait jour. Pourtant, il fait beau à crever. Pourtant, je me suis branché sur les States. Le folk. Un truc grinçant de ferraille et de nuit aux cernes noires. Traits marqués, presque tirés au cutter. Bien avant l'âge. Les cheveux sombres, courts, les yeux lumineux. Il ne parle pas trop, il préfère regarder comme s'il se tenait dans la salle d'attente d'un dentiste. Nous avons bu du café à pas d'heure, sans trop parler. Eviter de le regarder, puisque ça pourrait tirer ce qu'il demeure de poitrail dans tous les sens, n'importe lequel. C'était la nuit et je fumais. J'enfumais, sans faire d'avance. Pour ne pas de recul possible.

Le jour, après plusieurs nuits. Ressasser ce rien qui a eu lieu. Non. Il est simplement beau, attirant, beauté poète et soignée. Ne sert à rien, au mieux il serait devenu un souvenir encombrant. Ce geste aurait envahit un lieu sacré que je protège. Que j'apprends chaque jour un peu mieux à respecter, que j'inspecte en silence. Chacun de mes pas me sert à respecter ce qui a eu lieu.

Il n'y aura rien pendant un moment, peu d'émotion. C'est une décision.

Le soleil frappe.

Le soleil dore.

Je ferme les yeux. J'écoute ma playlist américaine. La pile de paperasse s'entasse loin de moi, je suis au parc. Seul avec quelques autres esseulés solitaires qui dorment au soleil. Puisque le temps ne durera pas. Parce qu'un avion de ligne passe au-dessus de nous.

J'organise, je procrastine. J'essaie de me mettre en rythme. De sortir des brumes connes de mes nuits trop courtes. Les prochaines années. Où je vais aller, qu'est-ce que je veux maintenant que j'ai les mains, les gestes libres et insolents ? La réponse facile serait un gars gentil, avec des poils mais pas trop, bien bâti, à peine plus vieux, rigolo, avec une grosse queue, et des fringues sympas. Oui mais non, enfin oui, non. Non non. Ne sert à rien, ce n'est pas très excitant. Je suis trop jeune pour me poser dans une vie, une ville même immense. Même intense. J'ai 24 ans. C'est trop tôt.

Je vivrai donc ici, j'aurai un port, une ancre de 32 mètres carré. Mon bar, mes habitudes, mes connaissances. Mon parc, mes marques de clopes. Mes études, un job. Pis je vais partir. Souvent, le plus possible trouver un laron qui fait l'occasion. Berlin déjà. Puis ensuite, Londres ? Rome ? Madrid ? LA ? Montréal ? New York ? Tokyo ? Paris à nouveau ?

J'irai vieillir ailleurs, accumuler des heures de vol en nomade. Un plan bringueballant mais merde. S'installer à 24 ans quand tout ça peut être plus marrant, et plus honnêtes compte tenu des limites de mon coeur.

 

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