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dix fois rien
3 mars 2011

Huit heures trente six. La nuit m'est passé

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Huit heures trente six. La nuit m'est passé dessus, et cette
journée risque de m'échapper même en essayant de l'attraper
au fond du couloir. Il faut que j'achète des calbutes neufs
et range mes livres quelque part. Demain, demain. Surtout
pas aujourd'hui. Je fume, en buvant du café. La matinée,
comme les sables, avance.
Improbable. Qui suis-je ? Où est-ce que je merde ainsi ?
L'odeur d'un trop tard flotte sur ma peau, mes cheveux ébouriffés.
Il paraît que j'ai le temps…

Ranger les livres, les empiler à
portée de main et, acheter des slips : facile.
Par contre, ranger ça.  J'ai envie de croire que c'est impossible.
La vérité c'est que je veux pas. Les souvenirs, les étoiles, l'empreintes
des mains sur mes hanches, les photos, l'Inde et Beaubourg. La
peau fine comme les averses de juin. J'ouvre cette parenthèse devant
face au miroir de la salle de bain.
Deux ans, et puis bouger. Aller de l'avant.
Des phrases et des geste dont j'avais vaguement
entendu parler. Ici, et là. Sans jamais y faire attention.
Nous appartient un langage qui va au-delà de l'histoire commune.
Alors évoluer c'est le terme qui convient à cette danse à 2,
ranger voguerait à l'impropre et l'indigne.
Ça commence à tourner rond.


Je me retrouve dans la rue, en bas de chez moi.
Ipod nano. Nike. Veste Adidas. Bonnet, écharpe. Ipod nano, écouteurs.
Courir. Longtemps que ça ne m'était pas arrivé, j'ai rien décidé.

Malgré l'air froid en pleine figure, je tiens une cadence douce et
régulière. Quatre ou cinq kilomètres serait une bonne chose ; pour
une première fois, je ne forcerai pas.
Le froid, les chiens et  leur maître. Les gens vont bosser. Soleil glacé.
L'insulte des manchettes de journaux, pire de jour en jour.
Tout ça n'est rien.
Jean-Jacques Goldman – Elle a fait un bébé toute seule.
 Je n'ai rien décidé, j'ai simplement enclenché mon ipod et
c'était là. En MP3, tapi et oublié dans un baladeur.
Entre gris clair et gris foncé.

L'album de mon enfance. Des voyages dans  le Languedoc,
en Espagne, des routes menant aux plages de galets en Italie.
Traversées des Alpes.
La faute à mon frère ou ma soeur. J'avais
l'âge de rien. Celui où on commence tout juste à comprendre
qu'on est en vie, qu'il faudra décider si c'est
une chance ou une malédiction.

Respirer. Inspirer, expirer. Encore et encore. Cligner des yeux,
Foulée régulière.
J'écoute les autres chansons. Je vais me faire l'album entier.
L'air est froid, le jour aveuglant.
Là-bas, Puisque tu pars. Filles faciles. Il y a. Il changeait la vie.
Elle a fait un bébé toute seule. &ct…

Chier quand même. Pourtant, j'ai autre chose dans cet ipod. Massive Attack.
Kanye West. Blockhead. Chemical Brothers.

Non: Entre gris clair et gris foncé. Je reste bloqué dessus.
 
Il s'agit d'une attirance informe et presque malsaine.
De ma propre histoire, ou mon reflet tel que je l'envisage.
Entre gris clair et gris foncé.
Parce que c'est là, entre les deux, que se situe mon sort.
Entre l'un et l'autre, j'hésite. Faudrait que je me décide.

Entre deux reflets, l'un gris clair et l'autre gris foncé.

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